LOUBIERES Jean-Claude
Né en 1947
Biographie
JC. Loubières est un plasticien transfuge de la sculpture, du monde de l’objet et de l’image, dans lequel il faisait, selon Oscarine Bosquet, « le portrait de choses qui n’existent pas ». Il s’est ensuite intéressé aux mots et aux lettres comme signes. Dans ses livres d’artistes, il interroge le couplage problématique du signe et du sens : il joue à déconstruire / reconstruire la relation signifiant / signifié, qu’elle soit textuelle ou visuelle.
Quand les lettres et les mots s’apparentent plastiquement à une image, ils sont plus à voir qu’à lire. JC. Loubières dérègle la visibilité du mot afin de montrer que quand on lit on ne voit pas les lettres, ce qui ouvre sur une autre question : quand on voit les lettres, arrive-t-on pour autant à lire ? Plus largement, la question posée est la suivante : à quelles conditions un signe devient-il lisible ? La réponse n’est pas étrangère au souci constant que montre JC. Loubières à rendre son travail éditorial accessible par-delà les frontières linguistiques puisqu’il pratique systématiquement le bilinguisme français-anglais dans ses livres.
Avec ses lettres biscuits, ou en peau de pamplemousse, ou dessinées dans une coupelle de lentilles d’eau, le signe linguistique prend corps, devient matériel, physique et chimie, nourriture pour la réflexion. Notons que cette dernière dépasse le cadre du signe textuel : une vidéo ou une bande-son, fruits de rencontres artistiques, accompagnent certaines œuvres éditoriales.
JC. Loubières est aussi photographe adepte de l’inventaire. Roland Breucker le qualifiait de « glaneur du quotidien ». Armé de son appareil photo, il arpente le réel et en prélève des éléments parcellaires qu’il recompose et fixe dans un autre espace, celui du livre. Décorations de noël gonflables et kitchissimes vues dans les jardins de Chicago, maladies éponymes (ne pas mourir sans savoir ce que sont le syndrome de Gilles de la Tourette, le diverticule de Zenker ou le signe de Trousseau), panneaux de signalisation détournés par les arpenteurs des voies publiques, pictogrammes utilitaires, etc., toutes ces traces du quotidien sont ainsi transformées en signes chargés d’un sens qu’elles n’avaient peut-être pas dans leur état originel, dans leur perception spontanée.
Source : Les Abattoirs , Musée d'art
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